D’après Andreu SOLÉ
Professeur - HEC, Paris
Il
ressort des recherches effectuées en stratégie
d’entreprise, que le dirigeant décide non en fonction de
son information, d’une analyse de la réalité toujours
plus fine, mais avec ses « possibles et impossibles ».
Nous livrons dans cet article la théorie de Andreu Sollé,
professeur au groupe HEC.
Zoom sur le mécanisme décisionnel
« L’entreprise a décidé que..., nous avons décidé
de.. ».Ce type de phrases peut faire oublier que les
décisions majeures d’une entreprise sont celles d’un
homme ou d’un groupe d’hommes. La vision managériale
selon laquelle le dirigeant décide à partir d’une
analyse de la réalité, visant constamment à adapter
l’entreprise à la réalité, peut être qualifiée de
réaliste. Si les décisions sont essentiellement fonction
de la réalité de l’environnement, des contraintes de la
situation,
y-a-t-il décision se demande le chercheur ?
La décision n’est pas fonction de l’information
Voici les 3 évènements historiques analysés par Andreu
Sollé semblent remettre en question cette assertion :
- l’attaque japonaise sur Pearl – Harbour le 7
décembre 1941,
- l’attaque des twin towers du 11 septembre
2001,
- la défaite du PS et de Lionel Jospin lors des
dernières présidentielles. |
Dans
tous ces cas, les dirigeants disposaient de
l’information qui leur aurait permis d’anticiper la
suite des évènements. Aucun ne l’a fait, pourquoi ? Pour
Andreu Sollé nous sommes persuadés que la décision
dépend de l’information d’où le besoin de disposer de
toujours plus d’informations, et de disposer de celles –
ci le plus rapidement possible. Cette croyance aide les
dirigeants car elle leur permet d’éliminer
l’incertitude, pensent – ils. Mais peut- on sérieusement
tout prévoir et tout anticiper à partir des informations
recueillies.
La théories des possibles-impossibles
3 concepts pour expliquer la prise de décision sont
développés. Pour l’officier de veille américain
l’attaque des japonais est impossible comme pour notre
exemple sur les présidentielles, Le Pen devançant Lionel
Jospin est inconcevable. L’impossible ne peut se
produire, le possible est un évènement qui peut se
produire ou non quant au non – impossible, c’est un
évènement tenu pour certain, inévitable et obligatoire :
il ne peut pas ne pas se produire.
Il y a donc les possibles ou impossibles que nous
créons. Il s’agit d’un processus personnel et collectif,
permanent, spontané et non conscient dans une large
mesure. Nous analysons, rêvons à l’intérieur de nos P,
I, N-I qui peuvent basculer à tout moment. Par
conséquent, le dirigeant ou l ‘élu dirige avec sa boîte
noire (très personnelle) avec son imagination et plus
précisément avec ses possibles, impossibles, non
impossibles.
Ce sont ces décisions a priori et sur la base de ses
convictions, de ses conceptions, que le décideur ressent
les enjeux, élabore des solutions, voit l’avenir. En
fait c’est nous qui créons la réalité et non la réalité
qui crée la décision.
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